Les chiens de troupeau ont le vent en poupe !

L’ADPSA, en partenariat avec l’Association Chiens de Troupeau de l’Aveyron (ACT 12) propose depuis plusieurs années des formations sur le dressage des chiens de troupeau. Animées par une formatrice agréée par l’Institut de l’élevage, ces formations se déclinent en deux volets : initiation et perfectionnement (3 à 4 jours chacune espacés sur plusieurs mois). Elles se déroulent dans un élevage bovin ou ovin en fonction de la demande des participants afin que les duos chien-éleveur puissent s’exercer soit sur un troupeau de brebis, soit sur un troupeau de génisses. Elles sont également proposées à différents endroits dans le département afin de permettre au plus grand nombre d’y participer.

Récemment, 33 agriculteurs et agricultrices ont suivi les trois stages initiation et perfectionnement organisés à Flavin, Rignac et Sévérac le Château. Certains d’entre eux témoignent.

Julien Galibert, éleveur ovin lait à Flavin pour la production de Roquefort est installé avec son frère, tous deux hors-cadre familiaux. Propriétaire de deux Border Collie, il a suivi la formation chien de troupeau en initiation d’abord à l’automne 2020 puis en perfectionnement ce printemps. «J’ai eu mon premier Border Collie deux ans après mon installation en 2017. C’est en achetant mon deuxième chien que j’ai décidé de suivre la formation chien de troupeau parce que pour le premier, mon dressage n’a pas bien fonctionné ! J’ai choisi mon deuxième chien chez un éleveur de Lozère car j’avais vu sa mère travailler et pour ne pas gâcher son potentiel, j’ai décidé de me former, de nous former ! Cette formation m’a été très utile, j’ai constaté la différence avecmon premier chien et j’en ai tiré les leçons ! Je comprends mieux la façon de voir les choses, de se positionner, on évoque aussi les réactions du chien, son comportement, des bases que je n’avais pas. Le fait d’espacer les journées de formation est très bien parce que l’on peut tester les exercices en situation réelle sur notre ferme et revenir avec quelques questions, quelques réactions à confronter avec les autres participants et à élucider avec la formatrice». Trésorier de l’ACT 12, Julien reçoit également les groupes de formation sur son exploitation. «Je mets à disposition un lot de brebis ainsi qu’une parcelle où j’ai aménagé un cercle pour les exercices. Participer aux journées avec l’ACT 12 est très intéressant parce que l’on échange sur nos chiens et on les met en exercice devant d’autres lots d’animaux, dans des lieux différents, cela m’aide à progresser. La formation apporte les bases et avec l’ACT 12, nous essayons de les enrichir avec la pratique pour que le chien réussisse ce que je lui demande de faire au quotidien sur la ferme : pousser les brebis en bergerie jusqu’à la salle de traite, les conduire au pâturage… La clé de la réussite de la formation est aussi de bien travailler chez soi avec le chien ».

«La formation pour ne pas «gâcher» le chien» !

Hélène Neuville-Serieys n’est pas une novice dans le dressage des chiens de troupeau. Avec chacun de ses chiens, elle a suivi la formation initiation et perfectionnement parce que «chaque chien est différent» : «On apprend toujours quelque chose sur le comportement du chien, la façon de lui parler, les mots à utiliser… J’ai toujours eu des chiens sur la ferme, j’ai d’abord commencé le dressage par moi-même mais après quelques échecs, j’ai décidé de me former. J’ai beaucoup appris sur les techniques de dressage, les différentes étapes selon l’âge du chien, la patience aussi ! C’est un apprentissage progressif aussi bien pour l’éleveur que pour le chien, d’autant que j’ai un troupeau de vaches allaitantes, on ne peut pas mettre le chien trop tôt sur ces animaux à grand gabarit. Il faut d’abord qu’il gagne en confiance pour se faire obéir. J’ai acheté mes chiens à l’âge de 2 mois, chez des éleveurs. Je commence par la marche en laisse, puis le trajet en voiture et je ne les mets au troupeau de vaches qu’à 4-5 mois d’abord sous forme de jeu. J’ai aussi quelques brebis pour les entraîner et quand ils comprennent bien les ordres avec les brebis, je les utilise avec les vaches. Ils m’aident à rentrer les veaux dans les box l’hiver matin et soir, à rentrer les génisses et les vaches taries l’été au champ, ils me font vraiment gagner du temps et puis c’est très plaisant de travailler avec ses chiens !», témoigne Hélène qui est seule sur l’exploitation située à Baraqueville. L’agricultrice est également engagée à l’ACT 12 : «nos journées d’échanges sont un bon complément à la formation, surtout quand on débute. On profite des conseils des autres éleveurs plus chevronnés. On discute aussi des lignées des chiens. C’est très convivial !».

«Les résultats sontvraiment impressionnants»

David Gineste est éleveur bovin viande à Maleville. En GAEC avec son épouse, il a suivi une formation initiation au dressage du chien de troupeau et s’apprête à suivre le perfectionnement cet automne. «J’ai eu mon premier chien il y a une dizaine d’années, que j’ai dressé moi-même. Pour le nouveau chien j’ai choisi de me former et je dois dire que j’ai été agréablement suivi par l’importance des notions de base à acquérir pour dresser un chien ! Ces notions théoriques sont mises en pratique pendant la formation et du coup, on sait de suite, si on fait bien ou pas, si on utilise les mots qu’il faut ou pas ! Il y a l’éducation du maître et celle du chien ! Il faut savoir se remettre en question, changer quelques habitudes. Avec mon chien de 13 mois, les résultats sont vraiment impressionnants! J’essaie de travailler régulièrement en le mettant aux animaux tous les jours. J’ai suivi l’initiation sur un troupeau de brebis, ce qui permet de préserver le chien pour ses débuts. Le perfectionnement sera sur un troupeau de bovins, ce qui me correspond mieux. Nous verrons encore mieux l’évolution. Déjà il m’aide bien pour ramener les animaux des prés, je suis devant le troupeau et lui derrière pour canaliser, pousser les animaux. Le chien prend vraiment toute sa place dans l’élevage et après le perfectionnement, je compte bien lui donner des taches un peu plus importante. J’ai vraiment apprécié la formation qui s’est déroulée à côté de chez moi, à Rignac. Nous étions un petit groupe ce qui a permis de faire plusieurs exercices. Si j’ai un autre chien, je repasserai par la formation parce que chaque chien est différent, la formatrice a d’ailleurs le bon oeil pour cerner leur caractère !».

Recueillis par Eva DZ

Prochaines formations 2021-2022

Initiation à Flavin : 22 septembre, 25 octobre, 8 novembre, 6 décembre

Initiation à Rignac : 23 septembre, 26 octobre, 9 novembre, 7 décembre

Initiation à Sévérac : 24 septembre, 27 octobre, 10 novembre, 8 décembre

Perfectionnement à Flavin en ovin : 27 septembre, 18 octobre, 2 novembre, 29 novembre

Perfectionnement à Rignac en bovin : 28 septembre, 19 octobre, 3 novembre, 30 novembre

Perfectionnement à Sévérac en ovin : 29 septembre, 20 octobre, 4 novembre, 1er décembre

Nouveauté : «J’accueille un chien de troupeau sur mon exploitation» :

7 janvier à Rodez

Cette formation est destinée à des éleveurs bovins ou ovins qui se questionnent sur l’acquisition d’un chien de troupeau. Le formateur expose les conséquences de l’arrivée d’un chien dans une exploitation et présente les règles qui permettent aux éleveurs, s’ils les respectent, de mettre toutes les chances de leur côté pour obtenir le résultat souhaité avec leur chien.

Projet 1er trimestre 2022 : «Quelle place pour l’éducation positive dans l’éducation du chien de conduite ?»

Infos auprès de l’ADPSA : 05 65 73 77 96.

Une association dynamique

Philippe Mirabel est président de l’ACT 12. Il est satisfait du partenariat de longue date avec l’ADPSA pour assurer les formations initiation et perfectionnement au dressage du chien de troupeau avec une formatrice agréée par l’Institut de l’élevage. L’association est elle aussi, très active, en matière de journées d’échanges entre éleveurs. Début mai, elle a ainsi organisé une journée sur l’aptitude génétique du chien à la conduite du troupeau. Développé par l’Institut de l’élevage, le projet Canidéa analyse des données et déploie un test spécifique pour repérer des chiens ayant des aptitudes naturelles nécessaires et incontournables à la manipulation des animaux. A Sévérac le Château, 36 chiens, entre 8 mois et 2 ans, sont passés devant un jury qualifié, les laissant travailler à l’instinct puis une prise de sang a été réalisée. Toutes ces données permettent de compléter le dispositif de recherche. «C’était une première en Aveyron et les éleveurs ont bien joué le jeu», a commenté Philippe Mirabel. En Aveyron, certains éleveurs travaillent également sur les lignées et la sélection des chiens. De plus en plus d’éleveurs se forment pour dresser leur chien de troupeau : «les fermes sont de plus en plus grandes et les agriculteurs sont moins nombreux, le chien peut donc être un bon compagnon de travail».

Et l’ACT 12 est là pour les accompagner : «Il y a une belle entraide entre nous et nous essayons d’organiser plusieurs rencontres pour faire connaître le travail du chien au troupeau». Plusieurs rendez-vous sont en effet programmés : en août pendant la fête de Prades d’Aubrac puis les 25 et 26 septembre à Sévérac d’Aveyron. Et les concours battent leur plein dont la finale sur bovin à laquelle va participer Philippe Mirabel. Et de nouvelles formations à l’automne !